NOEMIE ET GILLOU: UN BEL EQUILIBRE.
Il y a Tristan et Yseult, Roméo et Juliette, Donald et Daisy. Et Il y a maintenant Noémie et Gillou. Nous avons de la chance: ils sont aux Piranhas. Nous les avons rencontrés.
Il ne faut pas attendre très longtemps. A peine évoquée la formidable réussite de Noémie à « l’Iron Man » (à quand une appellation Iron Woman?) d’Aix en Provence, il y a quelques jours, pour que la phrase clé soit prononcée : « il faut réaliser dès que l’on peut ce qui fait briller les yeux et apporter des étoiles ». Et Noémie, les étoiles elle les veut brillantes, d’autant plus brillantes qu’elles sont lointaines et demandent des efforts pour les toucher du doigt. A côté Gillou ne dit rien, il connait cette quête, il sait que cela fait partie intégrante de sa compagne et la légitime fierté n’est jamais éloignée. La pandémie, les confinements sont passés par là et Nono pense qu’il n y a pas de temps à perdre. Pourtant, à son tour, peu expérimentée elle reprend à son compte le mot de Pauline Denorme quant à sa participation à Bordeaux Paris, celui d’ « imposteure » comme si pour postuler à ces triathlons très longue distance il fallait posséder des décennies d’expérience. Un tri par équipe avec Maeva et Elodie, un tri format S, un tri transformé en duathlon pour cause de tempête et puis ce triathlon de La Madeleine en aout dernier pour voir ce qu’était la montagne à vélo. Noémie a donc vu, souffert, apprécié et …. décidé de s’inscrire pour du plus long et les nécessaires étoiles. Ce sera donc la ville de Mirabeau et sa probable chaleur en fonction du calendrier professionnel et de la préservation des vacances estivales familiales.
UNE NOUVELLE VIE
Commence alors une autre vie, celle qu’il faut partager en couple car pour des mois, l’existence quotidienne va changer, d’autant que ce nouvel objectif de vie s’accompagne d’un changement de rythme professionnel, passage aux « 3 * 8 » qui, après les premières inquiétudes, va s’avérer positif. Gillou est admiratif devant cette « énergie » car il faut quand même vouloir courir, nager, après sa nuit de travail. On lui demande comment il se qualifie dans cette quête commune, ce projet de vie temporel: « Manager, accompagnateur » cela me va bien, répond il. Mais cet ancien spécialiste des arts martiaux, Haïkido, boxe française, ne va pas être simple spectateur et ils se disent tous les deux que faire le marathon de Paris ensemble ce pourrait être un beau projet. « Courir ensemble, rouler ensemble, ce sont de beaux moments de partage » déclare t’il, lui qui malheureusement ne nage pas. Les Champs Elysées comme préparation pour Noémie, l’Arc de Triomphe comme objectif pour Gillou. « La préparation n’a pas gêné la vie de couple » ajoute t’il et malicieusement il nous semble possible d’ajouter qu’elle l’a enrichie. Trois sorties vélo, deux séances de natation et deux séances de course à pied par semaine après le travail cela rythme forcément le quotidien. « La démarche est aussi celle d’être ensemble en sachant que Noémie est à la recherche permanente de défis et c’est indispensable à son équilibre. Comme en randonnée en montagne: toujours plus». Gillou va rester soucieux dans ce rôle: inciter, encourager mais Noémie qui a choisi de ne pas suivre à la lettre un plan de préparation, peut tomber dans l’excès et son corollaire redouté: la blessure. « C’est difficile car tu n’as pas la vérité. Tu as envie de la freiner et en même temps tu sais que c’est nécessaire pour que cela se passe bien le jour de la compétition ».
A partir de novembre, les vies changent donc radicalement professionnellement et sportivement. Ceux qui sont abonnés à des profils des cyclistes du samedi sur Strava ont dû déceler des changements cet hiver: « Noémie devant, les hommes derrière », « Noémie seule face au vent » disaient les titres des sorties. Dans la tête Noémie passe à autre chose, même si elle n’ose, compte tenu de ce qu’elle estime être sa faible expérience, trop dévoiler son projet à son entourage. Le regard des autres est important, cette impression d’être à côté de leurs vies et d’être incomprise: « mes parents ne comprennent pas, je sens de l’inquiétude, de l’incompréhension et même après Aix une forme de rejet ». Un voile de tristesse passe devant les yeux mais comment faire comprendre à ceux qui ne partagent pas ce bonheur de sentir son corps vivant, la nécessité d’aller un peu plus loin que les limites habituelles? « Est ce bien raisonnable? ». Cette phrase que tant de sportifs ont entendu résonne autour de la table. Et son corollaire immédiat que l’on prononce du bout des lèvres: névrose? Le mot n’est pas rejeté, il est même accepté. Sur le vélo, les selles sont des beaux divans de psychanalyse, Gillou avait indiqué un samedi sur les routes, qu’il fallait dans l’existence faire la part des choses et qu’en vieillissant on la faisait plus facilement car on connaissait les longs cycles de la vie. « Un temps pour tout » qu’il transforme aujourd’hui en « il faut trouver le bon équilibre mais cet équilibre n’est pas forcément au milieu ».
Et puis il doit y avoir des hormones là dessous, celles qui naissent à l’effort et en appellent d’autres, et d’autres encore, comme une addiction mais une saine addiction. Chez Noémie elles se sont développées à partir de 2014, son arrivée dans la région et son inscription aux Piranhas, sans appréhension mais « pour voir, rencontrer des gens ». Elle n’a aucun passé sportif particulier si ce n’est de course à pied lors de ses études d’ingénieur à Lyon, sa jeunesse c’est plutôt la musique et le violoncelle. Gillou viendra au club plus tard, symbole de phrases entendues des dizaines de fois quant à la peur que suscite l’image élitiste des Piranhas, craintes pourtant toujours abolies même si il faut un peu de temps: « j’ai assumé mon adhésion au club en portant le maillot Piranhas pour la première fois au marathon de Paris, puis au trail du Jura » soit plus de trois ans après l’adhésion. Un maillot comme le symbole d’un adoubement.
LE JOUR J
Aix approche et se pose la question de réaliser un marathon un mois et demi avant le triathlon provençal. On s’aperçoit alors que la difficulté n’est pas l’épreuve même mais les mois de préparation, la charge mentale, physique, l’omniprésence de l’ombre de la compétition, cette adrénaline qui rend la vie si riche parce que finalement l’épreuve elle même ne dit rien d’autre que les mots de tous les jours d’autant que Noémie apparait la veille de l’épreuve aux yeux de Gillou d’une sérénité totale, sans aucun stress. « Elle m’a bluffé par son calme, son assurance ». La natation est interminable avec ses longues lignes droites, le vélo, son domaine de prédilection conforté par les séances de home trainer du confinement, se passe bien malgré la chaleur dans les côtes et Nono utilise pour la course à pied la technique mentale de Pauline sur Bordeaux Paris: six tours sur le même parcours donc on court par étape par étape, ravito par ravito. Et puis Gillou est là au bord de la route dans les rues incandescentes d’Aix même si il ne sait pas trop quoi crier, tant les mots sont insuffisants pour encourager quelqu’un qui lutte contre la souffrance. « Cela va le faire », « Allez, allez » c’est un peu ridicule mais permet peut être au coach qui s’inquiète notamment quand Noémie au départ du marathon déclare « ça va être long » ou lorsqu’il la perd sur l’application en Live de garder confiance. Un sentiment que l’on exorcise dans un grand éclat de rire en déclarant; « si elle s’arrêtait, elle rentrait pas! ».
MAIS APRES ?
Noémie franchit donc en moins de 13 heures la ligne d’arrivée. Performance remarquable qui la verra récompenser première de sa catégorie. « C’est chouette » déclare t’elle sobrement mais elle sait que l’attend ce que finalement elle redoute le plus: l’après, et ces petites défaillances qu’elle connait, ces malaises normaux pour les médecins mais difficiles à vivre. Alors il faudra quelques jours pour que tout rentre dans l’ordre. L’après? Gillou s’en inquiète aussi mais pour une autre raison: « je sais qu’il va y’avoir le vide, l’absence de sens ». Il va falloir trouver un nouvel équilibre, celui qui n’est pas au milieu, car en préparation on ne fait pas grand chose d’autre et la vie c’est aussi autre chose. « C’est vrai « déclare Noémie, « que lors de ma première sortie vélo au retour je me suis demandée ce que je faisais là. Qu’on le veuille ou non à chaque entraînement j’avais toujours le tri dans un coin de ma tête. Et là plus rien. Etrange comme sensation! ».
Alors repousser encore les limites? L’extrême? Embrun est évoqué, un Aix en un plus corsé, l’étape au dessus. « A voir » dit Noémie et Gillou d’ajouter dans un grand éclat de rire: « Et bien on ira à Embrun l’année prochaine. Je le découvre en même temps que vous! Cela a commencé comme cela pour Aix. On va voir …. ». Et on a vu.
On a vu ainsi Nono et Gillou, complices dans le partage de projets sportifs qui vont bien au delà du sport. Une prépa c’est aussi la découverte d’une région lors des sorties à vélo, c’est le plaisir de rouler et de courir en couple, de rouler seule et de rentrer d’une sortie de 170 bornes pas détruite et même déclarer y avoir trouver du plaisir. C’est le bonheur de vivre intensément et autrement. Un équilibre dit Gillou comme celui du cycliste, fragile mais qui permet d’aller si loin.
Au fait Nono s’appelle Noémie André et Gillou porte le patronyme de Gilles Marquaille. Si jamais vous les croisez faites leur un petit signe amical, Gillou a un beau vélo Look Mondrian, Noémie a un visage déterminé. S’ils vous doublent, adressez leur quelques mots amicaux et même plus. Ils ont tant à dire.
Eric Rubert.
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